Parfois, un mouvement fugace à travers les herbes hautes suffit à attirer le regard du naturaliste averti en balade. En lisière de forêt, une chevrette est sortie du bois pour rejoindre le pâturage boisé. Le vent de face m’autorise une approche sur la pointe des pieds. Elle ne me remarque pas, probablement trop préoccupée par les trésors déposés dans ce champ fleuri.

Deux petits êtres tachetés pointent rapidement le bout de leur nez et se ruent sur la chevrette. Les faons émettent de petits sons satisfaits en approchant leur mère. Elle les lèche brièvement en retour avant de les laisser boire un peu de lait. Bien dissimulée par les herbes hautes, la petite famille de chevreuils disparait durant de longues minutes avant de réapparaitre dans une trouée. Je peux enfin déclencher et faire quelques images de ces belles retrouvailles.

Les faons s’amuseront encore quelques minutes dans le pâturage, escaladant même une souche d’arbre  avant de se retirer dans la forêt. Je ne les reverrai plus durant cette belle soirée. La chevrette reste sur la place, cueillant soigneusement les meilleurs herbes pour son repas du soir. Elle s’approche et passe à quelques mètres de l’objectif sans me voir avant de plonger paisiblement dans la forêt jurassienne endormie.

Val-de-Travers, le 8 juillet 2018