Plus petit et discret que son cousin le cerf présenté sur ce journal il y a deux semaines, le chevreuil reste cependant un habitant emblématique des forêts de l’arc jurassien. Toujours sur ses gardes, il s’éclipsera sur la pointe des sabots au moindre doute sur la présence d’un danger dans les environs. Cette prudence est une assurance vie face à ses prédateurs que sont le lynx (1 chevreuil ou 1 chamois consommé chaque semaine) et surtout l’homme (40’599 chevreuils et 12’231 chamois abattus en Suisse durant la période de chasse 2014).

Profitant d’un jour sans chasse qui coïncidait avec un jour de repos, je suis parti à l’affût dans une ancienne forêt des environs du Val-de-Travers en espérant pouvoir réaliser quelques images naturalistes baignées dans l’ambiance colorée de l’automne. Appuyé contre un gros hêtre, j’admirais le bal mené par le troglodyte mignon chantant à tue-tête sur un tas de bois situé juste trop loin pour immortaliser le petit passereau. C’est un craquement de branche qui m’a fait tourner la tête et découvrir une chevrette accompagnée d’un chevillard à quelques mètres seulement. Sur leurs gardes, les deux cervidés sont restés de longues minutes à scruter la masse informe constituée d’un photographe camouflé derrière son trépied sans l’assimiler à un danger. Si la chevrette ne s’est pas éternisée, le jeune mâle reconnaissable aux deux excroissances frontales qui deviendront bientôt de beaux bois s’est laissé emporter par un élan de curiosité et est venu à moins de cinq mètres pour mieux voir avant d’aller rejoindre sa mère qui l’attendait non loin de là pour poursuivre leur chemin à travers le petit bois.

Val-de-Travers, le 25 octobre 2015