Sur les versans enneigés des pâturages valloniers, les chamois sortent de leur réserve automnale pour tenter de dénicher quelques herbages enfouis sur une fine couche de flocons blancs. Le paisible gagnage de la troupe est cependant perturbé par une agitation de saison: les boucs, échaudés par une montée hormonale et la présence de femelles, manifestent une fébrilité toute hivernale: le rut du chamois bat son plein.

Le rut du chamois s’étend de fin octobre à mi-décembre. Les boucs, plutôt solitaires durant la belle saison, rejoignent alors les femelles. D’ordinaire placides, les mâles peuvent alors faire preuve de nervosité, voir d’agressivité. Ils marquent leur territoire en frottant leurs cornes contre les arbres ou les buissons pour y déposer un liquide à l’odeur musquée produit par deux glandes situées à la base des cornes. Ce marquage informe les femelles de leur présence, mais sert également à prévenir les concurrents potentiels que la place est prise…

A la vue d’un bouc adulte, un jeune mâle va faire profile bas et se soumet en fléchissant les jambes et en baissant la tête avant de prendre la fuite. Lorsque la route de deux mâles de même force se croise, un combat ponctué de poursuites infernales peut alors se dérouler. Rarement mortels, ces combats peuvent parfois faire de sérieux dégâts, notamment lorsque des coups de cornes mal placés sont distribués. L’incroyable débauche d’énergie dépensée pour assurer sa descendance à un prix: le bouc peut perdre jusqu’à 25% de son poids durant la saison du rut, ce qui peut lui être fatal en cas d’hiver arride ou prolongé.

Les quelques images présentées ci-dessus (qui sont de meilleure facture une fois agrandie) présentent quelques scènes de vie d’une petite troupe de chamois observée dans les environs du Val-de-Travers la semaine dernière. D’autres images de rut en milieu rocheux suivront prochainement.

Val-de-Travers, le 8 décembre 2013