Les belles soirées offertes cette automne par la nature étaient propice à partir se perdre au coeur de la forêt jurassienne. L’espoir de croiser le regard de la discrète chouette chevêchette ou de surprendre une harde de sangliers m’a conduit dans une ancienne forêt bordant les crêtes du Val-de-Travers. Encouragé par la présences de sentes récemment empruntées, je me suis installé à l’affût près d’une intersection entre un ancien chemin pédestre et un layon de débardage abandonné. La longue attente tous sens en éveil pouvait alors débuter.

Après quelques minutes d’immobilité silencieuse, la vie semblait reprendre dans les environs immédiats de mon affût. Le troglodyte mignon est rapidement sorti de sa réserve pour chanter fièrement à tue-tête sur son tas de branches mortes. La belle mésange huppée, d’habitude discrète, s’est postée sur une branche basse du vieux sapin situé en face de moi pour mieux me toiser, et les mulots sylvestres d’habitude invisibles s’activaient frénétiquement dans les feuilles mortes situées à quelques mètres de mon trépied.

Soudain, un fin bruissement d’aile m’a sorti de ma torpeur pour me faire lever le nez. Une magnifique bondrée apivore juvénile se tenait là, perchée sur une branche courbée, à quelques mètres seulement. La bondrée apivore est un rapace très discret qui séjourne uniquement durant les mois d’été dans nos forêts. Son régime alimentaire fait presque exclusivement de couvain de guêpes lui ont valu son nom particulier et l’oblige a traverser la méditerranée durant la saison froide pour trouver de quoi s’alimenter.

Les rapaces sont habituellement extrêmement sensibles aux mouvements et s’envolent sitôt qu’ils aperçoivent le reflet d’une lentille d’appareil photo. C’est donc avec une infime prudence que j’ai progressivement orienté mon téléobjectif dans sa direction. Une fois en place, la bondrée m’a accordé une série de clichés avant de reprendre son envol en toute discrétion.

Val-de-Travers, le 30 octobre 2017