Le dernier carnet de terrain était consacré à une belle rencontre avec un lièvre et un rouge-gorge, mais je ne vous avais chat tout dit de cette belle soirée printanière…
Même si toute règle possède son lot d’exceptions, la probabilité de croiser un habitant des bois est la plus forte au crépuscule. Entre chien et loup, les mammifères se savent moins visibles. Ils s’activent donc pour rejoindre leurs zones de gagnages ou leurs terrains de chasse favoris.
Lorsqu’on a la chance d’observer un animal en pleine nature, il convient toujours de garder l’œil ouvert au cas où un second habitant des bois décidait de se montrer. Ce soir là, dans une semi-pénombre, une flèche grise a quitté le couvert forestier situé derrière moi. Une contorsion et un coup d’œil dans les jumelles m’a permis d’identifier ce nouveau venu. Il s’agissait d’un magnifique chat forestier qui s’avançait dans le pâturage boisé.
Lièvre devant, chat derrière: comment faire pour immortaliser au mieux ce bel instant? Je passais en revue mes options: Retourner le trépied risquait de faire fuir le lièvre et de mettre en alerte le chat. Attendre une hypothétique venue du chat face à moi dans une lumière franchement déclinante me semblait une option peu rentable. J’ai finalement opté pour un léger décalage du trépied qui m’a permis de placer le chat de le viseur au prix d’une contorsion (presque) digne d’un numéro de cirque sans effrayer le lièvre.
Le chat forestier poursuivait son avancée dans le champ, réglant le compte à deux campagnols au passage. Arrivé à une petite centaine de mètres, il s’est soudain figé et m’a transpercé de son regard perçant. J’osais à peine respirer. Avait-il entendu le bruit du déclenchement pourtant étouffé par une housse anti-bruit? Avait-il remarqué cette nouvelle motte de terre qui n’était pas là la veille? Mystère… Dans tous les cas, le chat m’a fixé durant deux bonnes minutes qui m’ont semblé une éternité avant de prendre la poudre d’escampette dans la forêt située en contre-bas.
Val-de-Travers, le 19 mai 2019
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